Accueil » Actualité juridique » IVG : Le pape en autorise l’absolution et le législateur crée le délit d’entrave numérique

IVG : Le pape en autorise l’absolution et le législateur crée le délit d’entrave numérique

IVG: Le pape en autorise l'absolution et le législateur crée le délit d'entrave numérique

Ce Pape François est résolument ancré dans son temps. L’IVG, dont la pratique entraînait l’excommunication des femmes qui s’y étaient adonnées pourra désormais être compris et absous.

Bon ne nous emballons pas, ce bon Pape François ne reconnait pas le droit à l’IVG, mais autorise les prêtres à absoudre les femmes qui  auront fait une IVG ou ceux qui auront aidé à la pratiquer (sage femmes, médecins…) pour leur éviter de finir dans les flammes de l’enfer.

Mais cette déclaration pourrait faire réfléchir certains adeptes de commandos Anti IVG dont les actions de désinformation sur le net font l’objet d’une nouvelle sanction pénale pour délit « d’entrave numérique ».

Face à la profusion de sites internet qui diffusent de fausses informations pour empêcher les femmes d’accéder à leurs droits sur l’avortement le législateur renforce le dispositif pénal en créant une nouvelle infraction d’entrave à l’IVG sur le numérique.

Petit rappel pour ce temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…

Dans les années 1990, la mode était aux opérations commandos menées par des catholiques intégristes. Ils assiégeaient les hôpitaux pour empêcher le bon déroulement des interventions et se menottaient au matériel hospitalier (tables, brancards…) en proférant des Va de Retro Satanas aux professionnels de santé et à leurs patientes.

Cela a pris une telle ampleur que le législateur s’est décidé en 1993 à créé le délit d’entrave pour lequel ces nostalgiques de la chasse aux sorcières encouraient deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros ? Francs ? d’amende.

L’envoi systématique des CRS et le risque d’être poursuivi devant les tribunaux avec casier judiciaire à la clef, les a obligés à revoir leur plan d’action. Ils sont passés à la distribution de tract devant (et plus dans) les établissements de santé ou les planning familiaux, arguant des sermons vengeurs. Donc la loi a été étendue en 2001 puis en 2014 pour sanctionner tous ces actes d’intimidation.

Mais ces agissements n’ont jamais cessé et c’est sans grande surprise sur les sites internet que les militants anti-IVG se sont retranchés. Et là tous les coups (les plus bas possible) sont permis.

« Des groupuscules anti-IVG (…) avancent désormais masqués, dissimulés derrière des plates-formes d’apparence neutre et objective, qui imitent et concurrencent les sites institutionnels d’information [et] cherchent délibérément à tromper les femmes. Pire, elles sont parfois relayées par des cellules d’écoute animées par des militants “anti-choix” sans aucune formation qui veulent culpabiliser les femmes et les décourager d’avoir recours à l’avortement. »

La ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol a donc présenté un nouveau texte à l’assemblée pour créer un délit d’entrave numérique.

Les opposants politiques de ce texte font valoir la liberté d’expression…

Ils font mine d’ignorer que ces méthodes de désinformation sont déjà très répandus sur le net à l’instar de tous ces sites d’arnaques (depuis ces fameux « brouteurs » aux fabricants de contrefaçon) qui utilisent la même mise en page que des sites officiels et un discours culpabilisants pour apâter, tromper et harceler leurs victimes.

La seule différence c’est que les uns en veulent à votre argent et les autres à votre corps car, rappelons-le, c’est au nom de la libre disposition du corps humain que s’appuie la législation autorisant l’interruption volontaire de grossesse.

Escroquerie pour les uns droits d’expression pour les autres…

Mais ce débat n’est pas près d’être clos, le texte doit passer devant le sénat, donc le vote définitif n’est pas attendu avant février 2017, moment auquel le texte sera certainement soumis au conseil constitutionnel, donc à suivre…

A lire également

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *