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À Paris, un rassemblement demande « justice pour Julie » qui accuse des pompiers de viol

À Paris, un rassemblement demande "justice pour Julie" qui accuse des pompiers de viol

Des collectifs féministes et des manifestants se sont réunis ce dimanche 7 février à la fontaine Saint-Michel à Paris afin de soutenir “Julie”. Alors qu’elle accuse des pompiers de Paris de viol, ils dénoncent la requalification par la justice des faits de viols en « atteinte sexuelle ».

Près de 300 personnes ont bravé le froid ce dimanche 7 février après-midi, à l’appel des parents de “Julie” (pseudonyme choisi par la famille). Aux cris de « justice, complice » ou « justice pour Julie », les manifestants ont montré leur mobilisation dans cette affaire et leur soutien à la jeune fille de 25 ans, qui accuse des pompiers de Paris de l’avoir violée entre ses 13 et 15 ans.

Sur les quelques affiches tenues par des manifestants de tout âge, on pouvait lire « #StopJusticeSexiste », « Au feu le patriarcat » ou encore « Violeurs, on vous voit, Julie, on te croit ». Des chants et des slogans sont venus ponctuer plusieurs prises de paroles de collectifs féministes.

Parmi les manifestants, Jacquie et Eliane balancent des pancartes au nom de l’Alliance des femmes pour la Démocratie auprès de laquelle elles militent depuis les années 1970. « On est solidaire de Julie et de sa maman. Les choses évoluent petit à petit, mais il y a toujours des risques de régression », explique Jacquie. « C’est pour ça qu’on est encore là d’ailleurs », ajoute sa camarade.

De leurs côtés, Noah, 15 ans et sa sœur Maya, 18 ans étaient venues ensemble. « On n’a pas grand-chose en commun à part le fait qu’on soit femmes et qu’on soit victimes de harcèlements sexuels. C’est pour cela qu’on est présentes aujourd’hui. On se sent liées à Julie d’une manière ou d’une autre », témoigne cette dernière. « J’ai le même âge que Julie quand elle s’est faite violer, j’aurais très bien pu être à sa place. Et pour moi, c’était important de manifester qu’on la croit en étant là », renchérit Noah.

Dénoncer « le mur de l’impunité »

Dans cette affaire, Julie accuse 20 pompiers de Paris de l’avoir violée de ses 13 à ses 15 ans. Si les agents interrogés par la police ont reconnu des rapports, seuls trois d’entre eux ont été mis en examen. Le tribunal de Versailles en juillet 2019 puis la Cour d’appel en novembre 2020 ont cependant requalifiés les viols en « atteintes sexuelles sur mineure ». Conséquence directe de cette décision : les pompiers mis en cause sont donc renvoyés devant le tribunal correctionnel, et non aux assises. Ils seront donc jugés pour un délit, et non pour un crime.

« La Cour d’appel de Versailles a rendu 40 pages de la honte », a jugé Corine Leriche, la mère de Julie, lors de son passage en tribune. Les militantes qui se sont succédé ont également rappelé les manquements qu’il y aurait eu dans l’instruction. « Faire la lumière sur Julie, c’est éclairer les manquements de toutes les autres affaires », a assuré Sofia, porte-parole des Femen. Ce groupe avait d’ailleurs fait une action la veille au palais de justice de Paris.

Les avocates et la famille de Julie dénoncent notamment la manière dont le dépôt de plainte s’est déroulé. Durant l’enquête, les policiers auraient eu des propos désobligeants violents vis-à-vis la situation de la victime.

Mobilisation avant le passage en Cour de cassation

A quelques jours d’une audience en cassation, la mobilisation était capitale pour les avocates de Julie, Delphine Vignola et Lorraine Questiaux. En amont du rassemblement, cette dernière confiait que cela permettait de « rééquilibrer les forces » et de faire entendre la voix de Julie. Sa mère a de son côté affirmé sa volonté de faire connaître auprès du grand public une affaire qui dure depuis près de dix ans. « C’est important ces manifestations de soutien, ça fait beaucoup de bien à Julie », avance-t-elle, une pancarte dans les mains où l’on peut lire « 20 pompiers violeurs – Justice pour Julie ». La jeune fille a d’ailleurs remercié en personne la foule mobilisée en faisant une rapide intervention.

Plusieurs autres rassemblements étaient organisés partout en France. Si l’audience en Cour de cassation est prévue ce mercredi 10 février, la décision ne sera rendue que plus tard. Les militantes ont appelé à ce que la mobilisation ne faiblisse pas, suggérant aux manifestants de continuer à parler de l’affaire en ligne via le hashtag #JusticepourJulie.

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